Nous sommes 41 dans le bus qui nous conduit en Champagne d’abord au sud du département de l’Aube, dans la Côte des Bar, non loin de Bar sur Seine, à Essoyes sur les pas du peintre Renoir et à la découverte des Cadoles. Puis dans le Parc Régional de la Forêt d’Orient entre Bar sur Aube et Troyes, nous flânerons autour des lacs et des étangs avec une option baignade sur la plage de Mesnil Saint Père. Enfin nous visiterons Troyes au riche patrimoine historique.
Nous sommes en Champagne dans la Côte des Bar (Bar sur Seine, Bar sur Aube). La science du champagne est née à la fin du 17ème siècle lorsque Dom Pérignon, moine bénédictin de l’Abbaye d’Hautvillers, a obtenu l’effervescence. Les grandes maisons naissent à Reims et à Epernay : Ruinart en 1729 ; Fourneaux qui devient Taittinger en 1734 ; Moët en 1743 ; Clicquot en 1772.
C’est en 1927 qu’est appliqué le label Appellation d’Origine Contrôlée. Selon les données de 2013, 15700 vignerons et 300 maisons de champagne produisent 349 millions de bouteilles sur 22 200 ha dans la Marne (montagne de Reims, vallée de la Marne, Côte des Blancs, 7 900 ha dans l’Aube (Côte des Bar) et la Haute-Marne et 3 300 ha dans l’Aisne et la Seine et Marne.
Les cépages sont au nombre de 3 : Pinot noir, grain noir et jus blanc (Montagne de Reims et Côte des Bar) ; Pinot meunier, grain noir et jus blanc (vallée de la Marne) ; Chardonnay, grain blanc et jus blanc (Côte des Blancs). Les Blancs de Blanc sont faits uniquement avec le cépage Chardonnay.
Samedi matin nous arrivons à Essoyes, village où est enterré Pierre-Auguste Renoir né en 1841. En 1862 il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts. Trop avant-gardistes, les tableaux de Renoir comme ceux des autres peintres impressionnistes sont refusés dans les expositions officielles du Salon donc les commandes sont rares. Enfin en 1868 le tableau « Lise à l’ombrelle » peint en 1867 est accepté au Salon. Renoir fréquente les peintres Manet, Degas, Bazille, Sisley, Monnet, Pissaro, Cezanne, Fantin-Latour, le photographe Nadar et des critiques dont Zola. En 1874, grâce à la ténacité de Renoir, se tient l’exposition des impressionnistes dans la salle du photographe Nadar. L’exposition fait scandale ce qui fait une énorme publicité à ces artistes rejetés des salons officiels. Suivent les expositions de 1876, 1877, 1879, et 1882 auxquelles Renoir expose. Aux environs de 1880, Renoir s’éprend d’un de ses modèles, Aline Charicot, née à Essoyes, qu’il épouse. Renoir est maintenant connu. Il vit à Paris. En 1888, il découvre le village natal de son épouse. Il y achète une maison en 1896 où il passe chaque été. Dans les années 1890, Renoir commence à subir les atteintes des rhumatismes qui handicaperont la fin de sa vie. Il va séjourner souvent dans le midi, à Cagnes, où il se fixe en 1905. En 1919 il se rend une dernière fois au Louvre où ses propres tableaux voisinent avec ceux des Maîtres qu’il admire. Il meurt à Cagnes le 3 décembre 1919. C’est dans le cimetière d’Essoyes qu’il repose à côté de son épouse et de ses trois fils, Pierre (1885-1952) acteur, Jean (1894-1979) cinéaste, et Claude (1901-1969) céramiste.
Alors que les touristes s’attardent à Essoyes et au musée Renoir, les marcheurs découvrent les vignes encore chargées d’abondantes grappes de grains noirs et les cadoles. Les cadoles sont des abris de petite dimension, en forme de dôme, bâtis par les vignerons avec les pierres plates trouvées sur place et simplement posées les unes sur les autres, pour se protéger des intempéries durant les travaux dans les vignes. L’entrée est basse et étroite interdisant l’accès à certains d’entre nous. Une averse abondante mais courte est vite oubliée une fois le soleil revenu.
Direction, le Parc Régional de la Forêt d’Orient. Il s’étend sur 82 000 ha et regroupe 58 communes. Son nom perpétue le souvenir des anciens propriétaires de la forêt : les Chevaliers d’Orient, hospitaliers et templiers. Cet Ordre fut fondé à Jérusalem en 1118 par le Chevalier Hugues de Payns, un champenois. L’Ordre fut reconnu par le Pape et porté sur les Fonds baptismaux à la cathédrale Saint Pierre et Saint Paul de Troyes en 1129. A la même époque, Saint Bernard fonde, dans la Côte des Bar, l’abbaye de Clairvaux (1115), l’une des quatre abbayes filles de celle de Citeaux établie en Bourgogne par le champenois Robert de Molesme en 1098.
Le bus nous dépose à Mesnil Saint Père pour un pique-nique amélioré d’un apéritif bien frais en bordure du Lac d’Orient. Les plans d’eau de la Forêt d’Orient, Lac d’Orient, Lac du Temple, et Lac Amance, ont été créés pour réguler les cours de l’Aube et de la Seine comme le Lac du Der régule la Marne. La marche de l’après-midi nous fait déambuler dans la très belle Forêt d’Orient aux arbres majestueux et découvrir le Château Saint Blaise privé et habité. Puis nous revenons à Mesnil Saint Père en suivant la rive du Lac d’Orient avec une collation sur la plage qui permit à certains de goûter au champagne de la commune voisine de Colombé la Fosse. Personne n’a été tenté par la baignade. Nous prenons un repas savoureux et passons la nuit à la Maison des Lacs que nous avons pour nous seuls.
Dimanche matin les touristes quittent les marcheurs à l’entrée du parc animalier. La forêt bien aménagée pour les marcheurs et les cyclistes est très fréquentée. La marche se déroule sous un ciel pur et un beau soleil le long du lac et en Forêt du Petit Orient. Du haut de la digue où l’on jouit d’un beau point de vue, on mesure l’ampleur du retrait des eaux du lac pour approvisionner les eaux de la Seine et de l’Aube. Après le repas pris à la Maison du Lac, nous filons vers Troyes.
Le dimanche après-midi est consacré à la visite de Troyes, la cité des Tricasses. Saint Loup était son Evêque quand, en 451, Attila et les Huns envahissent la Gaule. Lorsqu’ils arrivent devant Troyes, Saint Loup se rend au camp d’Attila et s’offre en otage pour sauver la ville. Impressionné par Saint Loup, Attila se détourne de Troyes. Des mains des évêques, Troyes passe aux mains des Comtes de Champagne jusqu’en 1284, date du mariage de Jeanne de Champagne avec Philippe le Bel et de ce fait du rattachement de la Champagne à la Couronne de France. Tout au long du 13ème siècle, grâce à la politique économique des Comtes de Champagne qui assuraient la protection des marchands et leur accordaient de multiples facilités, six grandes foires internationales se déroulaient régulièrement à Lagny, Provins, Troyes et Bar sur Aube. C’était le centre d’échange entre Flandres et Italie.
Au cours de la Guerre de Cent Ans, en 1420, profitant des troubles mentaux de Charles VI, son épouse, Isabeau de Bavière, signe avec les Anglais le traité de Troyes par lequel elle déshérite le dauphin Charles VII et livre la couronne de France à Henry V, Roi d’Angleterre, qui est proclamé régent en attendant la mort de Charles VI. La ville est délivrée par Jeanne d’Arc le 10 juillet 1429.
En 1560, au cœur des guerres de religion, le Duc de Guise, Gouverneur de Champagne et membre de la Ligue Catholique en rébellion contre la Couronne, tient la ville de Troyes lorsque les soldats du Roi de France l’assiègent. Mais, parvenus dans les faubourgs, les soldats se laissent tenter par la dégustation des andouillettes et sont défaits par les hommes de la Ligue.
Le 16ème siècle est l’apogée du rayonnement de Troyes. Sculpteurs et Maîtres verriers accompagnent la Contre-Réforme en décorant les églises et les palais comme celui de Fontainebleau. L’essor artistique s’appuie sur l’essor économique. Les bonnetiers et manufactures de bonneterie se développent. Le rôle de Troyes dans ce secteur sera renforcé au 19ème siècle par l’apparition de constructeurs de métiers de bonneterie locaux.
Parce qu’un incendie a ravagé une grande partie de la ville au 16ème siècle, les maisons détruites ont été remplacées par de belles maisons à colombage Renaissance remarquablement conservées ou des maisons champenoises à damier briques et moellons de craie que l’on va voir en parcourant les rues du centre historique. Dans la ruelle des Chats les maisons à colombage sont si rapprochées qu’elles permettent aux chats de sauter de l’une à l’autre. Dans la rue du Général de Gaulle, on visite l’église Sainte Madeleine, la plus ancienne des églises de Troyes, dont le Jubé de pierre aux magnifiques sculptures, les verrières du chevet et les statues des bas-côtés datent du 16ème siècle. Rue de la Trinité, l’Hôtel de Mauroy avec une façade à damier champenois, a été restaurée par les Compagnons du Devoir qui y ont installé la Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière. Rue du Général Saussier, au milieu de belles demeures à colombage, se trouve l’Hôtel du Commandeur en pierre et briques, au toit couvert de tuiles vernissées en écailles, qui appartenait au Commandeur de l’Ordre de Malte. Place Saint Pierre, la Cathédrale Saint Pierre et Saint Paul outre une belle façade ouvragée du début du 16ème siècle et le portail du transept nord du 13ème siècle, réserve au visiteur à l’intérieur les verrières du chœur et du déambulatoire du 13ème siècle et celles de la nef du 16ème siècle ainsi que le Trésor composé de pièces remarquables de finesse des 11ème et 12ème siècles dont la châsse de Saint Bernard de Clairvaux.
Mireille
Photos de Denis
Photos d'Annie
Photos de Denis
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