Ce vendredi 4 septembre 2020, nous sommes 59 masqués comme il se doit, à embarquer dès potron-minet, dans le bus au départ de Vaucouleurs vers le Beaujolais. La famille de Beaujeu a donné son nom à cette région dont le village de Beaujeu fut un temps la capitale. La vigne cultivée depuis l’époque romaine s’étend sur 60 km tout au long de la Saône, de la côte mâconnaise au nord jusqu’à la vallée de l’Azergues au sud. Le cépage pour le vin rouge est le gamay noir à jus blanc. La production moyenne est de 1 300 000 hl par an. Le vignoble est divisé en deux régions :
Ø Les coteaux du Beaujolais au nord de Villefranche, région des Beaujolais-Villages et des dix Grands Crus : Moulin à Vent, Fleurie, Morgon, Chiroubles, Juliénas, Chénas, Côte de Brouilly, Brouilly, Saint Amour, Régnié ;
Ø Le Pays des Pierres Dorées entre Villefranche et la vallée de l’Azergues, qui est la région des Beaujolais et Beaujolais Supérieurs.
Grâce à Sylvie qui nous a cuisiné de délicieuses pâtisseries, nos estomacs restent tranquilles jusqu’à l’arrivée à Fleurie.
Première étape : Fleurie
Après un pique-nique, nous attaquons le circuit pédestre rouge de 11 km au départ de l’église. Tout au long du parcours et lors du pique-nique nous profitons d’un panorama splendide sur les villages et les vignobles des Grands Crus alentour. Au loin sur la ligne d’horizon, on aperçoit même le Mont Blanc (à 175 km). L’escalade des coteaux plantés de vignes requiert un bel effort sous un soleil de plomb. Heureusement la descente vers le hameau Les Labourons nous offre un peu d’ombre et de récupération. La montée jusqu’à la chapelle Notre Dame de la Madone permet d’embrasser du regard toute la région et nous apprend que les sièges artistiques en forme d’immenses lys blancs disposés dans le village, font référence à l’adage qui veut que 100 jours après la floraison des lys on commence les vendanges.
Seconde étape : Chiroubles
Au terme de cette belle balade nous partons en bus pour Chiroubles déguster dans la cave de la famille Savoye, vignerons depuis 1825, les blanc, rosé et surtout rouges dont la réputation n’est pas usurpée.
Troisième étape : Villefranche sur Saône
Papilles satisfaites, nous gagnons Villefranche sur Saône pour un dîner à la Brasserie du Théâtre où, après le Chiroubles, nous poursuivons la dégustation d’autres crus dont un Brouilly très agréable. Tout à côté l’hôtel Kyriad, rue de la Sous-préfecture, nous accueille pour une première nuit.
Villefranche fut créée par les Sires de Beaujeu en 1140 et en 1260, Guichard IV de Beaujeu lui accorda une Charte de Liberté et Franchises ce qui lui valut le nom de Villefranche. Les maisons Renaissance construites et remaniées entre le XVème et le XVIIIème siècle bordent la très longue rue Nationale. Elles doivent l’étroitesse de leur façade à la Charte de 1260 qui imposait aux habitants une redevance de trois deniers par toise de longueur de façade. La curieuse numérotation des maisons part soit de la rue Nationale soit du nord de la ville. Au 407, la maison de l’Italien est particulièrement remarquable. La collégiale Notre Dame des Marais a été bâtie sur une chapelle du XIIIème siècle dont ne subsiste qu’un petit clocher. La tour centrale est du XVème siècle, la façade flamboyante du XVIème siècle et la flèche a été reconstruite en 1862.
Mireille
Source Guide Michelin
Nous voici en route vers Lyon pour la journée, d’abord dans le quartier de La Confluence, puis dans le quartier des Cordeliers, ensuite sur la colline de Fourvière et enfin dans le Vieux Lyon.
L’histoire de Lyon commence avec Jules César, désireux de conquérir la Gaule, qui choisit le site de la future ville pour établir son camp de base. Après sa mort, un de ses lieutenants fondera en 43 avant JC, Lugdunum, qui deviendra en 27 avant JC, capitale des Gaules. C’est un centre économique et intellectuel important comme en témoignent le Grand Théâtre et l’Odéon encore visibles. Après le règne de Charlemagne, legs et dots font passer Lyon de mains en mains. En 1310, Lyon est rattaché au royaume de France et obtient le droit d’élire 12 consuls qui lèvent les impôts et assurent la police. Instituées par le futur Charles VII, les foires de Lyon font de la ville tout au long du XVème siècle une place commerciale et financière incontournable en Europe.
Au XVIème siècle Lyon compte 100 ateliers d’imprimerie, des peintres, des sculpteurs, des poètes comme Clément Marot et des conteurs comme Rabelais, médecin à l’Hôtel-Dieu, qui publie en 1532 Gargantua et en 1534 Pantagruel. C’est aussi au XVIème siècle qu’est créée la première manufacture de soierie. Encouragée par les rois de France successifs, la soierie connait une expansion considérable. Ralentie pendant la Révolution, au XIXème siècle l’activité reprend notamment grâce à l’invention d’un métier à tisser par Joseph-Marie Jacquard. Le quartier de la Croix Rousse se couvre de maisons-ateliers. Les étages abritent les métiers sur lesquels les canuts tissent les fils fournis par le fabriquant. La pression pour augmenter la production entraîne les révoltes de canuts de 1831, 1834, 1848, et 1885. En 1850, la maladie du vers à soie ravage la sériciculture. Les métiers mécaniques, le changement de mode vestimentaire réduisent les canuts à la misère. La Première Guerre Mondiale et l’apparition des tissus synthétiques portent le coup de grâce à cette industrie.
Au XVIIIème siècle Lyon est le lieu de la réussite d’une première ascension en aérostat de Joseph Montgolfier et de Pilâtre de Rozier. La Révolution avait ravagé Lyon la rebelle, mais le XIXème siècle voit l’essor de l’industrie chimique et de la métallurgie dans la vallée du Rhône. Ce bassin industriel participe à l’effort de guerre en 14-18 par la fabrication d’armes, le ravitaillement des troupes, et le traitement chirurgical des gueules-cassées. Durant la Deuxième Guerre Mondiale, Lyon devient la capitale de la Résistance. Le chef de la Gestapo pour la région lyonnaise se nomme Klaus Barbie. Il sera jugé en 1987. C’est près de Lyon que Jean moulin est arrêté en 1943. Après-guerre, le bassin lyonnais est le premier centre de l’industrie chimique et pharmaceutique, produit l’énergie hydroélectrique, le pétrole raffiné, puis l’énergie nucléaire.
Première étape : quartier de la Confluence
Nous arrivons place Nautique dans le quartier de La Confluence du Rhône et de la Saône. C’est là que Lyon a confié à des architectes de renom en 2003 une opération d’aménagement urbain très ambitieux visant à prolonger un quartier ancien, Sainte Blandine et la gare Perrache, par un ensemble mêlant écoquartier, immeubles ultramodernes, pôles tertiaires, universitaire, et de loisirs. La partie Saône est terminée. La partie Rhône est en cours de réalisation.
La place Nautique a été créée de toute pièce en 2005-2010. La darse accueille le port, la capitainerie, la navette fluviale (vaporetto). A droite se trouve l’Hôtel de Région terminé en 2011. Nous débouchons sur un centre commercial en bois de 53 000 m2 avec cinémas et, restaurants panoramiques. Puis nous descendons le quai Rambaud au bord de la Saône où se trouvaient autrefois les docks. En chemin nous longeons les jardins aquatiques, le siège du quotidien régional « Le Progrès », le Cube Orange (siège d’un groupe important) auquel répond le Rectangle Vert (siège d’un groupe non moins important), l’ex-pavillon des Douanes transformé en restaurant-galerie d’art, la Sucrière entrepôt 1930 réhabilité pour accueillir des expositions artistiques. Le chemin passe sous le pont ferroviaire et sous l’autoroute A7 et permet d’accéder directement dans les jardins du Musée des Confluences inauguré en 2014. Il est constitué d’une monumentale verrière accouplée à une immense coque en inox, le tout reposant sur 14 piliers seulement. L’immeuble est imaginé comme une métaphore de la connaissance où le verre représente le monde connu et l’inox, l’inconnu et la découverte. La traversée du Rhône s’opère sur le pont Raymond Barre que les piétons partagent avec le tram et les vélos. Nous descendons sur le quai du Canada pour suivre vers le nord l’itinéraire cyclable en bordure du Rhône.
Face à la Confluence, nous sommes dans le quartier Gerland avec le stade historique de l’Olympique Lyonnais (qui dispose aujourd’hui d’un nouveau stade très grand). Nous profitons du Parc des Berges du Rhône qui est le pendant vert du parc de la Tête d’Or que nous ne visiterons pas. Nous passons sous le pont de chemin de fer, sous le pont Galliéni et sous le pont de la Guillotière en face de l’Hôtel-Dieu. Les origines de l’Hôtel-Dieu remontent au XIIème siècle mais la plupart de ses bâtiments dont la chapelle, datent du XVIIème siècle. La reconversion de l’ensemble en logements, hôtel de luxe, bureaux, commerces et Cité de la Gastronomie, a commencé en 2015.
Nous passons sous le pont Wilson avant de monter sur le pont Lafayette pour traverser le Rhône vers le quartier des Cordeliers. Les Cordeliers ou Franciscains, religieux suivant la règle de Saint François d’Assise, tenaient leur nom de la corde à trois nœuds qu’ils portaient en guise de ceinture. Du vaste couvent du XIIIème siècle ne reste que l’Eglise Saint Bonaventure qui abrite le plus bel orgue de Lyon et 4 tapisseries d’Aubusson du XVIIIème siècle. En face se dresse le Palais du Commerce. La rue Claudia nous amène au Bouchon des Cordeliers pour une dégustation de saucisson brioché, de quenelles de brochet sauce Nantua, et de tarte à la praline. Les andouillettes de veau et les cervelles de canuts (fromage blanc assaisonné de ciboulette et d’échalote), sont autant de spécialités locales délicieusement préparées. A l’origine le mot bouchon désignait un fagot de petit bois accroché au-dessus des auberges pour signaler qu’elles servent du vin.
Après ces agapes mieux vaut prendre notre bus pour monter au sommet de la colline de Fourvière qui domine la ville de plus de 100 mètres. Cœur de la colonie romaine comme en témoignent les vestiges du Grand Théâtre et de l’Odéon, abandonnée au IIIème siècle, et plantée de vignes au Moyen Age, la colline de Fourvière a abrité de nombreux ordres religieux au XVIIème siècle. L’esplanade de la Basilique Notre Dame de Fourvière offre une vue remarquable sur Lyon, la tour de la Part-Dieu et la tour Incity, et au loin sur les massifs montagneux des Alpes et du Vercors. La Basilique a été construite au XIXème siècle après la guerre de 1870 à la suite d’un vœu de l’Archevêque de Lyon de construire une église si l’ennemi ne s’approchait pas de la ville. L’édifice repose sur une crypte dédiée à Saint Joseph qui renferme des représentations de la Vierge de toutes les parties du monde. La basilique est surprenante par ses tours octogonales ornées de mâchicoulis, la profusion des sculptures du fronton et des colonnes de la galerie mais surtout l’incroyable exubérance du décor intérieur : marbres variés, bois sculptés, et extraordinaires mosaïques qui recouvrent la nef. Malheureusement l’épidémie régnante oblige à réduire le nombre de personnes présentes simultanément dans l’édifice, à en limiter les déplacements et de surcroît, une messe se déroulait empêchant de circuler dans la nef. Donc nous n’avons eu qu’une vision furtive de tous ces trésors.
Pour profiter du panorama, la descente vers le Vieux Lyon se fait à pied par le chemin du Rosaire à travers le jardin du Rosaire. A la sortie du jardin, on enchaîne sur la descente des 228 marches de la Montée du Chazeaux qui nous conduit à la rue du Bœuf et à la rue de la Bombarde. Les montées sont des escaliers tortueux ou des rues très pentues qui escaladent la colline de Fourvière depuis le Vieux Lyon. A l’angle avec la rue Saint Jean se trouve l’ancienne Maison des Avocats (XVIème siècle) avec ses galeries à arcades et ses dépendances au crépi rose, devenue le Musée Miniature et Cinéma.
Au cœur du quartier du Vieux Lyon, on gagne la rue Saint Jean où les cours des maisons se parent de tours, de galeries, d’escaliers à vis (n° 52 Maison d’un imprimeur du XVème siècle). La cour du n° 28 est remarquable comme l’est l’Hôtel Laurencin au n° 24. Nous traversons la place de la Baleine, la place du Gouvernement avec l’Hôtel du Gouvernement (XVIème), et arrivons place du Change fréquentée aux XVème et XVIème siècles par les changeurs de monnaie. L’ancienne Loge des Changes est affectée au culte de l’Eglise Réformée.
En effet la région est depuis le début du XVIème siècle une terre conquise par le protestantisme. Religionnaires et Papistes s’affrontent. Henri IV en 1598 veut ramener le calme en promulguant l’Edit de Nantes qui stipule que les sujets du roi, adeptes du protestantisme, obtiennent la liberté de conscience et des lieux de culte. Mais au XVIIème siècle, la Contre-Réforme prend une ampleur décuplée. A partir de 1661, Louis XIV entreprend une campagne contre la religion « prétendue réformée » et révoque l’Edit de Nantes en 1685. Le culte réformé est dès lors interdit. Les Huguenots s’expatrient vers les pays protestants. Au début du XVIIIème siècle, le protestantisme renait clandestinement. En 1787 Louis XVI met fin aux persécutions des protestants avec l’Edit de Tolérance.
Nous empruntons la rue Lainerie avec la maison de Claude de Bourg datée du XVIème siècle au n° 14, puis depuis la place Saint Paul nous descendons la rue Juiverie pour voir l’Hôtel Bullioud (XVIème siècle) et sa remarquable galerie au n° 8 et la façade Renaissance de la maison d’Antoine Groslier de Servières au n° 10. Entre le n° 16 et 18, la ruelle Punaise en pente servait d’égouts à ciel ouvert. On peut voir au n° 22 la maison Baronat et au n° 23 (à l’angle de la rue de la Loge) la maison Dugas. Tout droit la rue Gadagne abrite le Musée de l’Histoire de Lyon dans des bâtiments des XVIème et XVIIème siècles. Toujours tout droit dans la rue du Bœuf, se trouvent des cours intéressantes mais surtout nous avons apprécié au n° 16 la Maison du Crible ou de la Tour Rose.
Enfin nous poussons la porte du n° 27 rue du Bœuf pour parcourir la traboule la plus longue qui nous amène au 54 de la rue Saint Jean. Faute de place pour aménager un réseau de rues, des passages ou traboules relient différents immeubles entre eux. Ces couloirs, souvent voûtés, donnent accès à une succession de cours.
Nous voici Place Saint Jean où se trouve la «Primatiale St Jean», siège du Primat, titre honorifique donné à l’Evêque de Lyon. Cette cathédrale, commencée au XIIème siècle, de style gothique, porte sur ses trois portails du XIVème siècle, plus de 300 médaillons. Ses vitraux sont du XIIIème siècle. L’horloge astronomique avec son jeu d’automates représentant l’Annonciation, remonte au XIVème siècle. A droite de la Primatiale, la Manécanterie ou Maison des Chantres (XIIème) présente une façade avec arcature, colonnettes, et niches à personnages. Nous prenons à gauche de la Primatiale la rue St Etienne pour découvrir au Jardin Archéologique, les vestiges des thermes gallo-romains, un baptistère associé aux premiers chrétiens, et l’arcade brisée de l’église Sainte Croix du XVème siècle.
Nous rejoignons le bus par l’immense Place Bellecour avec en son centre la statue équestre due au sculpteur Lemot réalisée en 1828. Le bus nous ramène à Villefranche où le restaurant Le Saladier nous attend avant une nuit réparatrice à l’hôtel Kyriad.
Mireille
Source Guide Michelin
En ce dimanche, nous prenons tôt le bus pour profiter au maximum de cette dernière journée en Beaujolais. C’est le Pays des Pierres Dorées qui nous attend. Ce nom fait référence à la couleur ocre des pierres de calcaire teintées par la présence d’oxyde de fer. Nous effectuons un trajet fantastique sur de petites routes dont les lacets serpentent d’un sommet de colline à l’autre découvrant à chaque virage une vue panoramique sur des paysages hors du temps.
Première étape : Clochemerle ou Vaux en Beaujolais
C’est de ce village que s’inspira Gabriel Chevallier pour écrire son roman Clochemerle publié en 1934 sur les habitants de Clochemerle et les remous causés par l’installation d’un urinoir. Grâce au succès populaire de cette œuvre réjouissante, le village a cessé d’être Vaux pour devenir Clochemerle et rendre hommage au romancier de divertissante façon. Les personnages du roman croqués par Albert Dubout s’affichent sur un parcours autour du village qui permet aussi de découvrir un agréable paysage. Six jardinières bavardes flanquées de petits bancs diffusent des extraits de l’œuvre. Place du Petit-Tertre, une pissotière trône devant une fresque très drôle en trompe-l’œil réalisée en 2012 d’après les illustrations originales de Dubout. Elle met en scène sur 120 m2 les principaux personnages de Clochemerle. Par ailleurs, ces personnages s’expriment dans les scénettes d’un petit manège théâtral très réussi. Bien entendu ceux que le musée Gabriel Chevallier et sa vidéo biographique n’attirent pas s’en sont allés à la cave de Clochemerle faire provision du Beaujolais-Village de Clochemerle aux cuvées inspirées des personnages du roman.
Seconde étape : Oingt
Ce fut une forteresse dont il ne reste que le chemin de ronde qui offre un magnifique panorama sur les monts du Lyonnais, du Beaujolais et sur la vallée de l’Azergues. Les rues piétonnes aux noms cocasses (Trayne-Cul, Tire-Laine, Coupe-Jarret…) sont bordées de belles maisons très fleuries abritant beaucoup d’artisans. L’église haut perchée, ancienne chapelle du château (XIVème siècle) est petite mais touchante de simplicité. Sur ses arcades figurent les têtes sculptées de Guichard IV de Beaujeu, de son épouse et de leurs six enfants. Un peu plus loin la Tour, haute de 18 mètres, date du XIIème siècle.
Troisième étape : Pouilly-le-Monial pour un déjeuner digne de Pantagruel arrosé d’excellents Beaujolais à la Brasserie La Bascule.
Malgré le plaisir que nous prenons à visiter le Beaujolais et le regret de ne pouvoir tout voir, nous reprenons le bus en direction de Vaucouleurs.
Mireille
Source Guide Michelin