
Ce lundi 6 octobre nous sommes 58 à Boucq pour un parcours de 9,2 km (11,5 km pour les 19 plus courageux). Boucq possède un château et une église imbriqués à l’origine. L’église constituait une partie de la maison forte contigüe fondée au 13ème siècle où le clocher servait de tour avancée avec un chemin de ronde entre la tour et le château. La taille des murs de l’église, la présence de meurtrières dans la tour du clocher attestent de l’usage défensif qui pouvait être fait de l’église si nécessaire. Le château de Boucq, érigé vers 1340 par Jean de Brixey en remplacement de l’ancienne forteresse du 13ème siècle, est une maison-tour au plan carré de 16 m de côté qui lui vaut le nom de « Tour Quarrée ». Elle est flanquée de deux tourelles semi-circulaires à deux angles et de bretèches à mâchicoulis aux deux autres angles. La Tour Quarrée est couverte d’une toiture à quatre pans percée de deux lucarnes et de chien-assis. Les façades sont percées de fenêtre sculptées de feuilles d’acanthe qu’il est possible de dater de la fin du XVIème siècle.
Notre parcours fait le tour du Bois de la cour et de la Forêt Domaniale de Rangéval pour nous conduire à l’ancienne abbaye de Rangéval.
Jusqu’au 12ème siècle les Bénédictins respectant la règle de Saint Benoît ont régné sans partage. Mais les écrits de Saint Augustin ont suscité la formation de nouvelles congrégations, d’ordres, tel l’ordre de Prémontré. Norbert de Xanten qui fonda Prémontré était un chanoine converti par miracle à la vie de prédication et d’ascèse (1115). Devenu prêtre il opta pour la pauvreté et le renoncement. Il se fixa à Prémontré près de Laon (1120). Les Prémontrés sont des clercs qui peuvent aider aux services des églises. Ils ont vocation à effectuer les travaux des champs avec l’assistance de paysans appelés convers astreints à des prières quotidiennes qui s’occupent des granges réparties à moins d’une journée de marche. Leurs bâtiments religieux sont austères.
Les fondations des Prémontrés en Lorraine au 12ème siècle sont très nombreuses : Riéval, Gevaux, Rangeval, Jandheures, Jovilliers. L’initiative appartient à un fondateur qui décide d’installer moines et chanoines et s’adresse à une abbaye florissante pour envoyer une douzaine d’hommes nécessaires à la fondation en un lieu désert qui ainsi sera cultivé et aménagé. La charte de fondation donnée par l’évêque vient souvent tard car l’appel à l’évêque voisin ne se fait que quand le succès est certain, que l’accord des voisins est assuré et que la dotation est suffisante. Ainsi quatre fondations eurent lieu en moins de cinq ans. Les chanoines d’abord installés à Gevaux acceptent une terre de la part du comte de Bar et s’installent à Rieval. Devant le succès le comte de Bar offrit une partie du domaine de Jandeures et le seigneur de Joinville des terres à Jovillers. Puis on revint dans la Woevre pour fonder L’abbaye Sainte Marie-Madeleine de Rangéval dans les environs de Gevaux. Démantelée et vendue à la Révolution, l’abbaye, propriété privée aujourd’hui, a conservé de beaux bâtiments classiques du 18ème siècle, un demi-cloître, ses jardins de roses anciennes et ses vergers.
En face de l’abbaye, le Grenier Fruitier nous fit goûter ses fruits savoureux : étonnantes prunes « couilles du Pape », poires à point, pommes sucrées, de sorte que nos sacs à dos se sont alourdis pour la longue montée du lieu-dit Le Val. Ensuite, la descente vers Boucq nous conduit au belvédère à 335 mètres d’altitude qui nous dévoile un large panorama avec à droite les côtes de Toul, au centre l’immense plaine de la Woëvre, la forêt de la Reine et ses étangs, la forêt de Rangéval et à gauche les côtes de Meuse, le lac de Madine et la butte de Montsec.
C’est le terme d’une enrichissante et belle balade.
Mireille
Écrire commentaire