
Elle fut mémorable cette dernière marche de l’année 2022. Nous étions 11 à Neuville les Vaucouleurs pour un parcours de 7,8 km sous une pluie intermittente.
Neuville tient une place particulière dans la première guerre mondiale. En 1916 pour ravitailler les premières lignes, on a importé des ânes d’Afrique du Nord de petite taille, endurants et dociles, permettant un passage discret à l’intérieur des tranchées. Malgré la mitraille, ils sont chargés de ravitailler les premières lignes en nourriture, boisson, petites munitions, matériaux divers. Comme les soldats, ils sont mal nourris, blessés par les tirs et les éclats d’obus, accidentés sur les terrains défoncés par les obus. Ils ont des blessures aux pieds, d’autres provoquées par des chargements trop lourds, des plaies infectées, la gale. Neuville avait été choisi pour y installer un hôpital destiné à soigner les ânes blessés au cours des combats.
Des granges avaient été réquisitionnées pour y recevoir en permanence 300 de ces animaux. Dès qu’ils étaient guéris, ils retournaient prendre leur place dans les convois de nuit seuls capables d’atteindre nos soldats en premières lignes, les incurables étaient achevés et enterrés dans une fosse dans un champ. La stèle qui rappelait les services rendus par ces animaux a été complétée par l’émouvante statue d’un âne gravement blessé qu’un Poilu tente de secourir. Cette statue sculptée par un artiste meusien, Denis Mellinger, a été coulée à la Fonderie d’Art Joel Huguenin de Vezelise.
Notre parcours nous a conduits par les lieux-dits « la Corvée », « le Fond du Vallon », et à travers le Bois de Neuville jusqu’au « Pré Vouillaire ». Puis on a suivi le ruisseau de Montigny par la Vallée Marchal pour rejoindre le village de Montigny. C’est là que nous avons fait la rencontre d’un chamois ou d’un isard, plus massif que nos chevreuils, de couleur presque noire, la tête marquée de bandes blanches et noires. Il boitait de la jambe postérieure droite et a gagné le bois à pas lents. Un habitant de Montigny parti à la recherche de ce qu’il pensait être un isard, nous a informés qu’alors qu’il errait dans le village, l’animal avait été mordu par un chien.
La pluie se remet à tomber. Poursuivant notre chemin nous sommes arrêtés par un panneau « chasse en cours » et un chasseur vêtu d’orange fluo nous explique que la date de la chasse a été modifiée en raison des fêtes de fin d’année et que nous ne pouvons pas continuer sur le parcours prévu. Nous voilà donc rejetés sur le trajet de retour habituel de la marche à Sainte Anne qui aboutit à Vaucouleurs et pas à Neuville. Heureusement nos guides savent improviser et moyennant un allongement de la balade et une traversée à travers champ, nous avons rejoint la dernière partie du parcours prévu. C’est trempés mais contents des 11,5 km parcourus que nous reprenons nos véhicules.
Mireille
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