
En ce dernier lundi d’août, nous sommes 43 à la chapelle de Massey pour une balade de 10 km.
La chapelle de Massey date du 13ème siècle. Selon la tradition orale, un seigneur prisonnier évadé, chargé de chaînes fait vœu de dresser un oratoire à la Vierge. Ses chaînes le libèrent miraculeusement. Chaînes et entraves sont attachées au mur de l’abside de la chapelle.
En 1535 Jean Forget, Grand-Chantre de la Cathédrale de Toul a rebâti le sanctuaire. L’ensemble de 15m de long et 7m de large est de style gothique avec des fenêtres à meneaux. Le chœur offre de beaux vitraux.
A gauche du cœur dans une niche se trouve un bas-relief en pierre qui représente la Nativité de la Vierge. A droite de l’autel existe une piscine en forme de niche au fronton sculpté de 4 fleurs de lys accolées en carré. Au-dessus du portail d’entrée, dans le tympan, une croix au centre évidé contient une statue de la vierge de petite dimension. Le clocher de pierre est ajouré mais dépourvu de cloches. Les offices étaient annoncés par une petite cloche, située à l’entrée, portant la date de 1682. Le domaine de Massey fut vendu comme bien national en 1791. En 1823 l’évêque de Verdun interdit toutes les chapelles rurales et domestiques comme Massey. Ses différents propriétaires laïcs la laissèrent se dégrader. Elle est rachetée en 1864 par l’abbé Baurein qui effectua des travaux de réfection poursuivis par ses successeurs ce qui permet de rendre la chapelle au culte de 1867 jusqu’en 1905 date de la séparation de l’Eglise et de l’Etat qui fit cesser les célébrations.
Une belle côte depuis la chapelle nous conduit autour de la carrière de Révoi qui emploie 21 personnes. La carrière est exploitée depuis 1966 d’abord pour permettre à l’usine de Nancy-La Madeleine de produire du carbonate de sodium. Le gisement de calcaire de 75 m d’épaisseur, constitué de sédiments marins coralliens datant de 150 millions d’année, est recouvert d’une couche de 30 m de matériau marno-calcaire inutilisable soit 850 000 tonnes qu’il faut retirer par an et mettre en décharge. Le calcaire est découpé en quatre fronts de taille de 20 m de haut chacun environ. C’est 1 400 000 tonnes de calcaire qui est extrait par an dont 850 000 tonnes pour l’usine de Nancy.
L’exploitation est réalisée par abattage à l’explosif. Dans un grand nuage de poussière, 14 000 tonnes forment un éboulis séparé du front de taille. Au pied des fronts de taille un chargeur sur pneus remplit en 4 godets, les bennes de « dumpers », camions-bennes d’une contenance de 65 tonnes. Les dumpers acheminent le calcaire jusqu’à l’installation de traitement. Le traitement consiste à concasser les pierres pour obtenir la granulométrie demandée par l’usine de Nancy-La Madeleine et d’autres acheteurs. Le calcaire est déversé dans deux concasseurs à cylindre. Un convoyeur sans intervention humaine transporte les pierres vers des séparateurs de granulométrie pour répondre aux besoins de différents acheteurs (cimentiers, métallurgistes, travaux publics…). Les pierres sont convoyées et stockées automatiquement dans un silo de 4500 tonnes de capacité. Sous le silo, 31 wagons sont chargés en deux heures chacun de 70 tonnes de pierres, soit pour toute la rame 2170 tonnes tractées par la SNCF.
Puis nous traversons le fond de Louvau et descendons le long du Val de l’Âne. Au XIXème siècle, la découverte de galets siliceux provenant des Vosges dans les alluvions de la Meuse a apporté la preuve que le lit de la Moselle à l’époque préhistorique se trouvait entre Toul et Pagny sur Meuse dans le Val de L’Âne et que la Moselle se jetait dans la Meuse. La cause du changement de cap de la Moselle vers la Meurthe semble être l’affaissement du rift rhénan. Un rift est une fracture prémices d’une ouverture d’expansion de la croûte terrestre.
Au lieu-dit « la Haie du Chenet » nous attaquons la montée vers « la Wavreuille », puis une belle descente dans le Bois de Longor nous fait rejoindre la chapelle de Massey. Longor fut un village. Richelieu voulait s’emparer de la Lorraine mais le duc Charles IV refusait de rendre hommage au Roi de France. En 1633 Louis XIII assiège et prend Nancy. Les Suédois alliés des français, pénètrent en Lorraine et y commettent toutes sortes de brigandages. Pendant un demi-siècle la région subit invasions, peste et famine. De 1635 à 1640 la culture devient impossible. Les maigres récoltes sont confisquées par les soldats. On mange de la chair humaine. Des villages entiers abandonnés disparaissent comme Longor et Dommartin-aux-Fours. De ces villages ne subsistent que les églises qui se dégradent au point que le chapitre de la cathédrale de Toul sollicite leur démolition auprès de l’évêque en 1704.
A l’arrivée devant la chapelle, Jean-Claude et Christiane nous ont ménagé une surprise en plein air: un apéritif pour tous les goûts au buffet bien garni que nous pillons avec plaisir. Merci à eux.
Mireille
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