
Matin : Lac de la Liez LANGRES
Partis tôt de Vaucouleurs, nous sommes 39 au lac de la Liez pour une randonnée à la journée auprès du lac le matin et dans Langres intra-muros l’après-midi.
Langres est situé en Champagne-Ardenne dans le département de la Haute-Marne, à 428 m d’altitude, près de la source de la Marne et non loin de la ligne de partage des eaux entre bassins versants de la Seine, du Rhône et de la Meuse. La région est appelée pays des quatre lacs c’est-à-dire quatre retenues artificielles construites au XIXème siècle pour alimenter en eau le canal entre la Marne en Champagne et la Saône en Bourgogne: le lac de la Liez, de la Vingeanne, de la Mouche, de Charmes. Le plus grand, le lac de la Liez, est aménagé en base nautique.
Alors qu’un groupe choisissait de parcourir 12 km, un autre groupe se contentait de 9,7 km le long du lac de la Liez, du départ près de Lecey à l’arrivée au Pont de Marne près de Peigney. Le lac couvre 278 ha et sa profondeur maximale est de 15 m. Il abrite notamment brochets, perches, sandres, carpes… Nombre de pêcheurs y ont installé leur tente, d’autres se tiennent sur leur barque. Des enfants apprennent à manœuvrer de petits voiliers tandis que les plus gros sont remisés devant l’école de voile. La plage de sable est déserte mais il y a tout pour un très agréable séjour à la belle saison.
Le repas nous attend au restaurant-traiteur « le Relais de la Marne » à Champigny les Langres ouvert pour nous un lundi jour de fermeture. Les petits plats cuisinés maison ont comblé nos papilles.
Le fromage Langres AOP est l’un des rares fromages produits en Champagne. Il est à consommer de mai à août. Sa forme unique, creusée au sommet, est liée à sa technique d’affinage.
A pâte molle, à croûte lavée, au lait de vache il se distingue par le grain très fin de sa texture crémeuse et sa forme unique : une cuvette se creuse à son sommet. En effet, contrairement à l’immense majorité des fromages, il n’est jamais retourné en cours d’affinage, si bien que l’humidité au sein de sa pâte migre peu à peu vers le bas, formant ainsi au sommet du fromage un creux, baptisé « fontaine ». Plus celle-ci est profonde, plus le fromage est affiné et crémeux, et donc prononcé en goût. Il est affiné 15 jours pour le format de 150 à 250 grammes, 18 jours pour le format de 250 à 350 grammes et 21 jours pour le format de 800 grammes à 1,3 kg. En cave, le fromage est régulièrement humecté d’eau saumurée pour favoriser la croissance du « ferment du rouge », une bactérie qui accélère la métamorphose de la pâte et concourt à donner sa coloration orangée à la croûte
La zone d’Appellation d’Origine Contrôlée obtenue en 1991, devenue Appellation d’Origine Protégée en 2009, s’étend sur les communes de Chaumont et Langres, Neufchâteau et 4 villages de la Côte d’Or. Les vaches doivent être des races autorisées et pâturer au moins six mois.
La Confrérie des Taste-fromages de Langres en fait la promotion.
Mireille
Après-midi : Visite de LANGRES intra-muros

C’est rassasiés que nous avons pris la direction de Langres pour la visite de la ville. Le bus nous dépose au parking Bel Air.
Avant la conquête romaine Langres était la patrie des Lingons. Au XIIème siècle le diocèse de Langres devient un Duché-pairie. La ville sera toujours fidèle au roi de France. Au XIIIème siècle, les évêques sont Ducs et Pairs de la couronne de France. Au Moyen-Age Langres est une place forte royale et les Ducs-Evêques sont membres du Parlement du roi. A la Renaissance Langres devient un foyer artistique et voit la construction de nombreux édifices comme l’Hôtel du Breuil de Saint-Germain devenu Maison des Lumières dédiée à Denis Diderot. Au XVIIème siècle, l’artisanat de la coutellerie se développe dans la ville et hors les murs vers Nogent. C’est pour fuir un impôt abusif que les couteliers de Langres sont venus s’installer à Nogent au milieu du XVIIème siècle.
Notre parcours intra-muros commence non loin de l’office du tourisme, sur le chemin de ronde sur les remparts. Les fortifications ont évolué au cours des siècles et on peut délimiter trois enceintes : celle du IIIème siècle, celle du XIIIème siècle et celle du XIVème siècle ainsi que la place forte du XIXème siècle. Sur ces enceintes ont été érigés différents ouvrages aux XVème, XVIème, et XVIIème siècles (bastions, tours, portes). Située sur l’enceinte du XIVème siècle, la Porte des Moulins, départ de notre circuit, inaugurée en 1647, célèbre les victoires françaises qui ont mis fin à la guerre de Trente Ans. Puis, sur la Tour Saint Ferjeux, construite vers 1470, nous découvrons l’étonnante sculpture d’un artiste hollandais symbolisant « l’Air et les Songes » en hommage au philosophe champenois Gaston Bachelard. Le panorama qui s’offre à nous est à l’Est de Langres : vallée de la Marne, plateau de Langres, canal de la Marne à la Saône, lac de la Liez et au loin les Vosges.
Arrivés au funiculaire « Panoramics » mis en service en 1995 pour rejoindre le parking Sous-Bié au pied des remparts Est, nous pénétrons dans la ville par la rue du Petit Bié. L’organisation de la vieille ville est un héritage médiéval : irrégularité du tracé des rues, imbrication complexe des bâtiments et des places. Mais les maisons, construites pour la plupart entre le XVIème et le XVIIIème siècle sont de style classique. Les matériaux sont la pierre calcaire de Langres extraite dans les environs et les tuiles rouges.
Nous parvenons à l’ancien collège des Jésuites, le collège Diderot. Dès le IXème siècle des bourgs monastiques se sont développés aux abords immédiats de la cité. Au XIIème siècle c’est le clergé séculier qui édifie la cathédrale et au XIIIème siècle le cloître. Mais le clergé régulier (soumis à une règle) n’est pas en reste. Les Dominicains s’implantent en 1232. A partir du XVIIème siècle de nombreux couvents s’installent intra-muros : les Ursulines en 1613, les Oratoriens en 1616 (dont l’ancienne chapelle est devenue le Théâtre), les Jésuites en 1621 et les Carmes en 1688. Le collège dont les Jésuites prennent la direction en 1630, recevait entre 150 et 250 élèves. Incendié en 1746, il est reconstruit mais les Jésuites, chassés du royaume en 1762, ne verront pas l’achèvement de la chapelle en 1767 et du portail en 1770. La chapelle offre une façade de style baroque surchargée de décorations (nuées, angelots, pots à feu…).
La place Diderot nous révèle un éventail de maisons des XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles dont le café de Foy fondé en 1792. A l’angle de la rue de la Boucherie se trouve la maison natale de Denis Diderot dont la statue en pied que l’on doit à Bartholdi, orne la place.
Denis Diderot est né à Langres en 1713. Son arrière-grand-père, son grand-père, son père étaient couteliers. On le destine à la prêtrise. Mais, aussi peu intéressé par la prêtrise que par la coutellerie et la province, il part à Paris en 1728 où il étudie la théologie et la philosophie et apprend l’anglais. Mais bohême et impécunieux, il sollicite souvent son père qui, lassé de ses frasques, le fait enfermer dans un monastère près de Troyes d’où il s’échappe. Ayant atteint l’âge de majorité légale de trente ans, il se marie en 1743 et sera très infidèle à son épouse.
1743 est aussi le début de sa carrière littéraire. Dès la parution des « Pensées philosophiques » en 1746, le Parlement condamne au bûcher un ouvrage qui met toutes les religions au même rang pour finir par n’en reconnaitre aucune. Cette condamnation n’a toutefois pas nui au succès de l’ouvrage attesté par une douzaine d’éditions au XVIIIème siècle. En 1749, « La lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient », une conception matérialiste du monde, censurée, le fait enfermer au château de Vincennes pour « intempérance d’esprit. De 1747 à 1766, il consacre sa vie à l’Encyclopédie, inventaire des connaissances, des sciences, des techniques, des métiers et des arts vers 1750. Diffusée à travers l’Europe, l’œuvre est très lue à la Cour et par la noblesse, la bourgeoisie et le clergé de province.
En 1761 Diderot pense à vendre sa bibliothèque pour doter sa fille. L’impératrice Catherine II de Russie achète le bien en viager pour permettre à Diderot d’en jouir jusqu’à sa mort. Elle le nomme bibliothécaire de ce fond et le rétribue. En 1773, il part en Russie. A Saint Petersburg il s’entretient trois fois par semaine avec l’Impératrice. Il revient à Paris en 1774 et décède en 1784. En 1786 sa bibliothèque et ses archives sont envoyées à Saint Petersburg. Durant la Révolution, les tombes de l’église Saint Roch sont profanées. La sépulture de Denis Diderot a disparu.
Une incursion au n° 3 de la rue Jean Roussat permet d’admirer un Hôtel particulier Renaissance joliment décoré avec une niche d’angle contenant une statue de Sainte Barbe. De retour place Diderot, nous empruntons la rue du Général Leclerc jusqu’au cloître gothique de la cathédrale (XIIIème siècle) dont ne subsistent que les galeries Sud et Est (actuelle bibliothèque municipale). En 1991, l’artiste François Bouillon installa sur le sol de la cour son œuvre « Y d’If ». Le puits central, signe universel du savoir, renferme un morceau d’if en forme de Y. Cette lettre symboliserait la Trinité. Une spirale partant du point central évoque l’infini et est ponctuée de Yen nombre croissant au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre.
La cathédrale Saint Mammès a été construite au XIIème siècle sur 100 m de long, 40 m de large, et 23 m de haut, dans un style roman bourguignon dont le voûtement témoigne cependant d’une influence gothique débutante. La façade se compose de deux clochers quadrangulaires de part et d’autre d’un corps central. Les chapiteaux des colonnes et pilastres sont successivement doriques, ioniques et corinthiens. De part et d’autre du fronton, deux statues monumentales représentent l’Eglise (à droite) et la Synagogue (à gauche) tenant les Tables de la Loi. La toiture polychrome en tuiles vernissées fait référence à l’art bourguignon. A l’intérieur de la cathédrale, l’orgue daté de 1714 provient de l’abbaye de Morimond. La chapelle Sainte Croix dite chapelle d’Amoncourt, construite en 1547-49, est couverte d’une voûte en berceau ornée de 66 caissons. Au sol le dessin du pavement en faïence vernissée (1551) reprend en miroir la décoration de la voûte. Sur l’autel de la chapelle, une Vierge en marbre blanc date de 1341. Sur les 8 tapisseries commandées par le Cardinal de Givry et exécutées en 1544-45, 5 ont disparu, 1 est au musée du Louvre (on peut voir une copie), et 2 sont exposées dans la cathédrale : Saint Mammès prêchant l’Evangile aux bêtes sauvages et le Martyre de Saint Mammès. Le bas-relief représentant la translation des reliques de Saint Mammès date de la fin du XVIème siècle. L’arrivée de la relique de l’os de la nuque de Saint Mammès a été une aubaine pour Langres que les évêques avaient délaissé pour résider à Dijon. A la fin du VIIIème siècle la présence de la relique impose le retour définitif des évêques à langres. Ce n’est qu’en 1731 que Dijon deviendra à son tour un siège épiscopal au détriment de Langres dont le diocèse sera réduit aux limites du département après la Révolution.
C’est sous une pluie commençante que nous gagnons la place Jeanne Mance dont la statue célèbre cette infirmière laïque, née en 1606 à Langres, fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal en 1645. Traversant le square Henryot, nous prenons la rue Lescornel et entrons dans le jardin d’une magnifique maison Renaissance réaménagée vers 1550, composée de deux bâtiments, l’un sur cour et jardin, l’autre donnant au n° 20 rue du Cardinal Morlot. Les deux niveaux sont réservés aux propriétaires et le sous-sol semi-enterré, éclairé par des ouvertures sur cour est occupé par les cuisines. La façade sur cour et jardin est très esthétiquement décorée : meneaux et croisillons en pierre aux fenêtres, colonnettes aux chapiteaux ioniques et corinthiens, frises de guirlandes végétales opposées aux frises composées de crânes d’animaux ou bucranes. Sous la cour est aménagée une citerne recueillant l’eau de pluie que l’on puisait depuis une margelle décorée de pilastres et d’une coupole. Cette maison se visite du mercredi au dimanche et pas le lundi malheureusement pour nous. Au bout de la rue Lescornel nous tournons rue du Cardinal Morlot et sommes très déçus par la façade du bâtiment côté rue. Heureusement au bout de la rue Morlot s’offre à nous la façade Renaissance de la Maison des Cuirasses au n° 10 de la rue Saint Didier datée du milieu du XVIème siècle. Des colonnes ioniques et corinthiennes scandent les trois niveaux de ce bâtiment qui hébergea l’évêché lors de la séparation de l’Eglise et de l’Etat au début du XXème siècle.
Puis nous nous engageons rue de la Tournelle bordée d’Hôtels particuliers : au n° 10 l’ancien grenier à sel de 1780, au n° 8 l’Hôtel d’Ablancourt dit Hôtel du Gouverneur du XVIIIème siècle, aux n° 6 et 7 en vis-à-vis deux Hôtels classiques avec un portail du XVIIIème, au n° 2 l’Hôtel Gironnet de 1585 remanié aux XVIIème et XIXème. En face de la rue du Croc se dressent les vestiges de l’ancienne chapelle des Ursulines. Le couvent fut aménagé en 1631. La chapelle, achevée vers 1670-80 et richement décorée, a été vandalisée à la Révolution. Le couvent fut démoli au XXème siècle pour laisser place à une résidence moderne. La pluie accélère et nous aussi.
La rue du Croc nous conduit à la place de l’Hôtel de Ville anciennement place du marché. De la Maison Commune de 1581 il ne reste rien. Totalement reconstruit entre 1774 et 1781le nouvel Hôtel de Ville est doté d’un avant-corps central à l’imposante colonnade aux chapiteaux corinthiens. L’incendie de 1892 n’a épargné que la façade, le reste a dû être reconstruit. Traversons la place de Verdun sur la droite pour parvenir à la place Pierre Burelle et découvrir à droite une perle de la fin du XVIème siècle, l’ancien Hôtel du Breuil de Saint-Germain devenu Maison des Lumières Denis Diderot. On remarque l’échauguette qui surplombe la place mais on reste admiratif devant la façade renaissance sur la cour et sa porte enrichie de colonnettes, guirlandes, cornes d’abondance. Au XVIIIème siècle, l’aile perpendiculaire est dotée d’une nouvelle façade avec un avant-corps central dont le décor reprend guirlandes, médaillons et bustes. En face de cette décoration un peu maniérée, l’ancien couvent des Carmes construit à cet emplacement en 1754, tranche par son extrême sobriété.
Revenons place de Verdun pour rejoindre le chemin de ronde au niveau de la porte de l’Hôtel de Ville ancienne porte du marché au XVIème siècle. Depuis les remparts on aurait dû découvre un très vaste panorama à l’Ouest de Langres : la vallée de la Bonnelle, les faubourgs de Buzon et de Brevoines, les vallons en direction de la Bourgogne, la colline des Fourches et la chapelle Notre Dame de la Délivrance, et sur les hauteurs, les forts de Séré de Rivières (le fort de la Bonnelle, le fort de la Pointe de Diamant, le fort de Saint-Menge). Mais la pluie noie le paysage.
Le chemin de ronde nous conduit à l’Arc Gallo-romain daté de -20 avant JC, composé de deux arcades encadrées par des pilastres cannelés coiffés de chapiteaux corinthiens. Un peu plus loin la Tour Saint Didier (XVème) se situe au point de contact entre l’enceinte du IIIème siècle et celle du XIIIème. La salle haute abritait une juridiction originale celle des « capitaines à masse », quatre notables élus annuellement par les habitants pour juger les délits commis sur le chemin de ronde et faire respecter les règlements relatifs à la sécurité de la ville. La légende de Saint Didier, patron de la cité, a été forgée au début du VIIème siècle par un moine pour consolider le siège épiscopal de Langres vis-à-vis de Dijon, ville que les évêques avaient choisie pour leur résidence. La légende prétend que Didier fut au Vème siècle l’évêque de Langres alors qu’il vivait au VIIème siècle et était évêque de Vienne. Il aurait eu la tête tranchée au pied des murailles de Langres par un certain Chrocus, roi des Vandales, qui n’a jamais existé.
Plus loin la Porte des Terreaux se trouve à la limite entre l’enceinte du XIIIème siècle et celle du XIVème. Elle a été construite au XIXème en remplacement d’une poterne du XIVème siècle. Mais la plus imposante des tours de Langres c’est la Tour de Navarre et d’Orval construite en 1512-15. Ses deux salles superposées voûtées d’ogives reposent sur un puissant pilier central. Accolée à la Tour de Navarre, la Tour d’Orval construite en 1515-19, abrite une rampe hélicoïdale débouchant sur la terrasse de la Tour de Navarre. Ses voûtes sur croisées d’ogives retombent sur des culots sculptés de motifs originaux : acrobates, animaux…L’ouvrage est imposant : 28 m de diamètre, 20 m de hauteur, 7 m d’épaisseur des murs. C’est en 1817 que, transformée en magasin à poudre, la terrasse de la tour fut couverte d’une charpente conique en chêne de 29 m de diamètre et de 12 m de haut reposant sur le pilier central.
Nous traversons le Champ Navarre transformé en camping pour atteindre la rue de Lattre de Tassigny. Dépassant l’immeuble en forme de croissant surnommé la « banane », nous revenons au parking Bel Air sous une pluie insistante.
Mireille
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martine m (mardi, 29 septembre 2020 16:13)
bravo au guide n'ayant pas tout entendu la lecture complète bien ce manque merci malgré la pluie agréable journée